Pourquoi l’IA est-elle une impasse ?
Article publié le 26 juillet 2025
Jason Koebler, cofondateur du média indépendant 404 Media, démonte l’idée selon laquelle l’IA serait salutaire pour l’industrie des médias. Or, l’intelligence artificielle ne serait qu’une fuite en avant masquant un modèle économique en crise.
1. L’IA ne génère pas d’audience qualifiée
Jason Koebler souline qu’en deux ans, ChatGPT n’a envoyé qu’un seul abonné payant à 404 Media, tandis que Google, avec ses méthodes plus traditionnelles, a généré plus de trois millions de visites. Un ratio abyssal confirmé par Cloudflare, qui indique qu’OpenAI « consulte » 1500 pages pour chaque internaute réellement redirigé.
👉 L’IA, en l’état, ne permet pas de générer une audience qualifiée ni de convertir des lecteurs en abonnés.
2. Une stratégie cosmétique pour masquer un échec structurel
Plutôt que de repenser en profondeur leur relation au lectorat, de nombreux dirigeants s’en remettent à des effets d’annonce : communication massive autour de l’IA, partenariats peu productifs avec les big tech, injonctions à utiliser ChatGPT en rédaction. Or, selon Koebler, la seule stratégie qui fonctionne reste intemporelle : produire des contenus humains, utiles et engageants. C’est d’ailleurs le positionnement adopté par TOUTécrit.
👉 Créer du lien avec ses lecteurs reste le principal levier de performance éditoriale.
3. Efficacité de l’IA, une illusion toxique
La course à l’optimisation par l’IA mène à des dérives inquiétantes :
- Business Insider a licencié 21 % de ses effectifs tout en annonçant vouloir 100 % d’adoption de ChatGPT en interne.
- Hearst Newspapers développe des outils d’assemblage automatique d’articles.
- Le Washington Post teste des assistants pour rédiger des tribunes.
- Le Los Angeles Times expérimente des bots qui en sont venus à défendre le Ku Klux Klan.
Résultat ? Aucune de ces approches n’améliore la qualité, la rentabilité ou la fidélisation. Pire, elles risquent de dégrader la crédibilité des titres.
👉 La quête de rentabilité via l’IA menace la substance même du journalisme.
4. L’humain, seul gage de confiance
Jason Koebler rappelle, à juste titre, que l’identité humaine d’un média est son principal actif. Miser sur des contenus générés par IA revient à affaiblir le lien de confiance avec le lecteur, qui pourrait un jour se dire : « En fait, c’est un robot qui a écrit ça. » Dévastateur & contre-productif.
👉 La confiance du public repose sur l’authenticité et la rigueur qui constituent le socle du métier de journaliste.
5. L’IA, seulement un outil
Jason Koebler défend une approche pragmatique : oui, l’IA peut être utile pour transcrire un entretien, identifier des tendances, accélérer des recherches, voire aider au montage audio ou vidéo. Mais elle reste un outil, au service d’une pratique journalistique ancrée dans l’enquête, la vérification et la pensée critique. Comment ne pas adhérer à ce précepte.
👉 Ceux qui tireront parti de l’IA sont ceux qui la maitriseront sans en être dépendant.
L’intelligence artificielle ne peut pas résoudre une crise éditoriale, économique et relationnelle. Les médias qui survivront seront ceux qui miseront sur la qualité de leurs contenus, une approche journalistique, la fidélisation de leur lectorat et l’usage raisonné des technologies. « La crédibilité est notre seul modèle économique », indique d’ailleurs Jason Koebler.