IA : l’émergence des assistants !
L’intelligence artificielle (IA) promet une transformation profonde de l’industrie médiatique et, plus globalement, de la manière dont nous produisons, consommons et valorisons l’information. Entre sidération et exploration de nouvelles frontières éditoriales, tour d’horizon de sept défis à relever pour réinventer le journalisme et les médias à l’ère de l’IA générative. Après les trois premiers articles respectivement consacrés à la démystification de l’IA, à la formation et aux opportunités, intéressons-nous aux enjeux liés aux assistants IA.
Auteur d’un article passionnant sur les enjeux et défis de l’intelligence artificielle, Nicolas Becquet, journaliste et directeur du pôle digital de L’Écho, un quotidien bruxellois. Il nous a autorisé à le publier sur le site internet de TOUTécrit. Nous l’en remercions. Cet article, dans sa version intégrale, a été mis en ligne sur le site de l’Observatoire européen du journalisme (EJO).
L’adoption de l’IA par le grand public doit beaucoup aux chatbots nouvelle génération. L’ergonomie et la performance de ces agents conversationnels ont ringardisé la méthode traditionnelle de recherche proposée par les navigateurs web. À quoi bon devoir éplucher des pages de liens et slalomer entre les publicités, alors qu’il suffit de poser une question à son assistant personnel pour obtenir instantanément une réponse claire et circonscrite, tout en ayant la possibilité d’affiner la réponse attendue ? La promesse d’un « moteur de réponse » plutôt que celle d’un moteur de recherche. Une réponse, plutôt qu’une liste de liens et de nouvelles recherches à entreprendre.
La personnalisation des échanges et des réponses en fonction du contexte de chaque utilisateur constitue l’autre atout majeur des assistants dopés à l’intelligence artificielle. Des prouesses impressionnantes qui montent en puissance grâce au deep profiling.
Cette technique combine un accès à nos données personnelles, aux ressources publiques, un traitement statistique poussé, des capacités de mémorisation et la magie de l’apprentissage automatique, continu et autonome. « Mieux vous comprendre pour mieux vous servir » pourrait être le slogan de ces nouveaux assistants personnels. Une logique qui a commencé à s’installer au cœur même des navigateurs grand public et des suites logicielles, à l’image du Copilot de Microsoft.
Aussi pratique et efficace soit-elle, l’hyper-personnalisation de l’accès à l’information implique de nombreux risques pour le débat démocratique. La place publique numérique, déjà largement modelée par les algorithmes des grandes plateformes, risque de perdre encore du terrain. La médiation de ces agents conversationnels opaques contribue, en effet, à réduire la surface de l’espace public numérique composé d’informations accessibles et partagées par le plus grand nombre.
Un risque amplifié par l’absence de transparence des sources et le phénomène d’hallucination propres au fonctionnement de l’intelligence artificielle. Sans compter les effets de bord connus de la recommandation algorithmique : amplification des bulles de filtres, biais en tous genres, renforcement des opinions existantes ou réduction des chances d’être confronté à la contradiction.
Articles publiés
❶ Pourquoi faut-il démystifier l’IA ?
❷ L’enjeu de la formation des équipes
❸ Quels gains de productivité ?
Prochain article
❺ Anticiper le déclin de l’économie du lien
Articles suivants
❻ Éviter les pièges de la dépendance technologique
❼ S’armer face au péril du désordre informationnel généralisé
Nicolas Becquet est journaliste et manager du Pôle digital de L’Écho, quotidien business basé à Bruxelles. Il est également Maître de conférences invité à l’École de journalisme de l’UC Louvain (EJL), formateur en journalisme mobile (Mojo) et en innovation éditoriale.