A contre-courant, vraiment ?
Article publié le 6 juin 2025
Une étude menée par deux chercheurs à partir de données administratives danoises révèle que l’adoption des chatbots d’IA n’aurait eu aucun impact significatif sur les salaires ou les heures travaillées dans les 11 professions qu’ils ont étudiées. Les gains de productivité enregistrées seraient même modestes, avec un gain de temps de seulement 3 %. Anders Humlum et Emilie Vestergaard, qui ont mené leur étude sur 25000 employés, soulignent que l’IA ne transforme pas fondamentalement le marché du travail (pour l’instant ?), malgré son l’utilité pour mener à bien des tâches spécifiques telles que la rédaction de code, des actions marketing ou la création d’offres d’emploi.
Quant aux entreprises, elles constatent que les initiatives liées à l’IA n’atteignent pas toujours les retours sur investissement escomptés. Une enquête d’IBM auprès de 2 000 PDG indique que seulement 25 % des projets d’IA ont généré les résultats attendus et que seulement 16 % d’entre eux ont été déployés à l’échelle de l’entreprise. Arvind Krishna, PDG d’IBM, a d’ailleurs annoncé que si l’outil avait entraîné une vague de licenciements en 2023, une série d’embauches s’en était suivi.
Les entreprises encore timides
La société suédois Klarna, spécialisés dans les services financiers, qui avait remplacé une partie de son service client par des solutions d’IA, en affirmant que celle-ci pouvait accomplir le travail de 700 salariés, a fait marche arrière. Après avoir enregistré une perte nette de 99 millions de dollars au premier semestre 2024, Klarna a décidé de réembaucher du personnel humain, afin d’améliorer la qualité de son service client.
Selon The Economist, les emplois de bureau continuent d’augmenter, remettant en question la perspective d’une destruction massive d’emplois par l’IA. « Nos résultats remettent en question les récits d’une transformation imminente du marché du travail par l’IA », indiquent Anders Humlum et Emilie Vestergaard. Il ressort d’une autre étude que vient de publier BPI France que 58 % des dirigeants de PME et ETI françaises considèrent l’IA comme une question de survie d’ici 3 à 5 ans. Pourtant, seulement 43% ont défini une stratégie IA, 26% utilisent une IA générative, 16% une IA non générative et 10% les deux. Si la prise de prise de conscience est bien là, il semblerait que le passage à l’action soit encore timide. Les budgets à prévoir pour mettre en place des agents IA ne sont pas négligeables, ce qui place les TPE dans une posture plus défensive que celle des PME-ETI dont la surface financière est plus importante. Mais cela constitue peut-être aussi une opportunité pour les petites entreprises. Celle de réfléchir à des axes de différenciation créateurs de valeur, en adaptant leurs offres et leur positionnement.